OBSERVATIONS RELATIVES AU PROJET DE FERME AQUACOLE DE GOLFE JUAN
Conclusions de Mathilda BOSSI
Étudiante en Master 2 Droit de la mer et des activités maritimes
Je m’oppose au projet de ferme aquacole de Golfe Juan eu égard à plusieurs causes :
- 1 La première raison tient au fait que l’étude d’impact de cette ferme aquacole n’évalue pas les incidences d’une éventuelle fermeture ou démantèlement du site aquacole. En effet, ce sont des opérations obligatoires qui permettent le bon fonctionnement de la ferme aquacole. Néanmoins, celles-ci sont néfastes pour l’environnement et peuvent causer différentes pollutions : pollution sonore, pollution par micro-déchets...
- 2 La deuxième raison tient à l’existence d’une zone Natura 2000 « Baie et Cap d’Antibes — îles de Lérins », d’une zone naturelle d'intérêt floristique et faunistique (ZNIEFF) 1 mais également du Sanctuaire Pelagos qui est un espace marin de 87 500 km2 où plus de sept espèces différentes de mammifères marins sont protégées. En effet, un riche contexte écologique est à prendre en compte au sein de cette aire marine protégée : les paysages littoraux et marins constituants l’attractivité du territoire, les herbiers de Posidonies, les 8 000 m3 de récifs artificiels, les roches biocénoses à coralligènes…
Délimitation du Sanctuaire Pelagos 21/02/23
ZNIEFF visée : Golfe Juan et Anse du Crouton.
- 3 La troisième raison tient à la prise en compte de la notion de « gestion intégrée des zones côtières » (GIZC) qui a été établie au niveau international avec la Convention de Madrid pour la protection de la Méditerranée (1976) et son Protocole relatif à la GIZC (2008). En effet, la gestion intégrée des zones côtières consiste à prendre en considération l’espace terrestre et marin d’une zone côtière. Sur le plan terrestre, il y a des enjeux touristiques et économiques tels que l’esthétique du paysage ou encore la préservation de zones de baignade. Les zones de baignade au sein des réserves marines naturelles sont très recherchées par les touristes. Une ferme aquacole pourrait dégrader un paysage naturel et ne plus attirer de touristes. En revanche, sur le plan marin, les enjeux sont environnementaux et sanitaires. Ils sont sanitaires car l’alimentation donnée à ces poissons d’élevage peut se disperser en mer et être ingérée par d’autres espèces et développer à ce titre, des bactéries pathogènes. De plus, les rejets des fermes aquacoles peuvent avoir un impact sur la qualité de l’eau et de fait, la santé des baigneurs.
- 4 Enfin, l’idée tout simplement de pratiquer l’aquaculture peut être une souffrance pour les poissons. Il est important de mettre la notion de bien-être animal au profit des poissons. Au sein de ces fermes aquacoles, ils sont par milliers entassés dans des cages et très souvent sous antibiotiques pour limiter les transmissions de maladies. De plus, le stress chez le poisson lié à ces opérations de transport ou manipulation peuvent également avoir des conséquences mortelles pour lui.
En guise de conclusion, il est incohérent d’avoir une zone Natura 2000 avec des interdictions temporaires ou permanentes de certaines activités comme la chasse sous-marine, la pêche de loisir, et de vouloir en ajouter une autre dans un but de développement économique, d’emploi, au détriment de l’environnement marin, terrestre et même humain. De même qu’il existe d’autres fermes aquacoles autour de la baie qui sont fonctionnelles, notamment celle située à proximité de l’île Sainte-Marguerite.
Sources :
•Les aires marines protégées, Baie et Cap d’Antibes — îles de Lérins — Zone spéciale de conservation, Milieu Marin France, janvier 2023.
•Documents d’objectifs « Baie et Cap d’Antibes — îles de Lérins », Préfecture Maritime Méditerranée, décembre 2013.
•Recommandation sur les déchets marins issus de l’aquaculture européenne, Le Conseil consultatif de l’aquaculture (CCA), Mars 2022.
•Avis délibéré de la Mission régionale d’autorité environnemental Provence-Alpes- Côte d’Azur sur le projet de création d’un nouveau site aquacole dans le Golfe- Juan, à Cannes (06), 18 octobre 2022.
•Surpêche et souffrance des poissons, doit-on fermer les yeux ?, Mr Mondialisation, 30 janvier 2015.
•L’aquaculture face au réchauffement climatique et aux risques d’antibiorésistance, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, 20 avril 2020.
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